L'évolution de Freyr à travers les topos

Historique par Jacques Borlée



Les débuts timides de l'escalade en Belgique datent d'environ 1930. C'est en 1931 que Xavier de Grunne, le dynamique secrétaire général du Club Alpin Belge, ouvre la première voie de Freyr ; elle porte son nom : la fissure Grunne.

Le deuxième massif exploré fut le Mérinos où deux voies furent ouvertes. Puis l'Aiguille de la Jeunesse, qui fut escaladée en 1931 par Camille Fontaine.

Les quelques grimpeurs qui viennent à Freyr à cette époque y accèdent en traversant la Meuse en bac à Waulsort et en descendant ensuite la rive droite de la Meuse.

Dès 1931, la grande muraille de l'Al'Lègne, la plus haute paroi de Belgique, fit l'objet de plusieurs tentatives par Xavier de Grunne, dont une avec le roi Albert.

Ce superbe ensemble de rochers dominant la Meuse dans un cadre magnifique révéla d'exceptionnelles possibilités d'escalade mais il était situé dans une propriété privée. Aussi, de Grunne prit contact avec la famille Bonnaert, propriétaire du site, pour le louer pour le Club Alpin.

A partir de 1934 les grimpeurs vont s'enhardir et des voies plus difficiles seront ouvertes dans les parois plus verticales : l'arête des Cinq Ânes, la Pino-Prati, le Culot-qui-Manque, etc...

Les hostilités arrêtent pour un temps l'activité des grimpeurs. Après la guerre, le recrutement du CAB s'élargit et les sports de nature deviennent à la mode. Les grimpeurs des pays voisins : Français, Néerlandais, Allemands, découvrent ce superbe site ; ils y viennent plus fréquemment et les contacts avec nos amis grimpeurs étrangers favorisent l'élévation du niveau technique.

Vers 1955, Pierre de Radzitzky, ouvre dans le Mérinos, avec divers seconds de cordée, de nombreuses voies, toutes aujourd'hui devenues des classiques.

Les années soixante seront marquées par l'escalade artificielle. Surplombs et fissures seront surmontés grâce à un pitonnage intensif et Freyr retentit de grands coups de marteau. Ensuite ce sera le perçage au tamponnoir dans les parties compactes. Le Pilier Davaille est un bel exemple de ces voies d'artificiel.

Quelques grandes voies surtout dans le Pape et l'Al'Lègne seront ainsi ouvertes. Mais déjà quelques-uns des meilleurs grimpeurs de cette époque se démarquent de l'escalade artificielle et pratiquent une escalade plus libre : Jean Alzetta, Jean Bourgeois, Claude Barbier. Ce dernier, extraordinaire grimpeur, qui s'est rendu célèbre par ses ascensions en solo dans les Dolomites, ouvre à Freyr un grand nombre de voies nouvelles.

Vers 1969, une menace grave plane sur Freyr : des hommes d'affaires locaux ont imaginé de créer un caravaning géant entre la route, le Colébi et les rochers. Avec l'aide de diverses associations de protection de l'environnement, le Club Alpin s'y opposera et parviendra à convaincre le ministre d'interdire ce projet.

Les années 80 verront un grand développement de l'escalade libre extrême. Les meilleurs grimpeurs : Jean-Marc Arnould, Philippe Lacroix, les frères Van Sint Jan, Johan De Schepper, Arnould t'Kint, Pierre Masschelein et autres rivalisent d'adresse pour tracer des itinéraires de plus en plus difficiles, en particulier dans le Pape et dans la partie droite de l'Al'Lègne.

De nombreux grimpeurs ont, ces dernières années, équipé de nouvelles voies ou rééquipé des anciennes. Il faut particulièrement citer le travail important et bénévole accompli par Philippe Lacroix (alias Bibiche), et Frans Covens.

Plus récemment Marc Bott, Jean-Marie Castiaux et Pierre Masschelein ont ouvert et équipé ou rééquipé avec des broches, un grand nombre de voies.

Freyr offre aujourd'hui un grand éventail de voies aux pratiquants de tous niveaux. Veillons sur ce site magnifique et respectons-le !



Jacques Borlée




L'évolution de Freyr à travers les topos

1934Bulletin du CAB 9 voies
1950Revue d'alpinisme du CAB 44 voies
1957Guide des rochers belges par Pierre de Radzitsky 82 voies
1965Topo CAB par un collectif de grimpeurs 259 voies
1976Guide des rochers belges et Luxembourgeois 298 voies
1984Topo de Freyr par Serge Van Sint Jan 229 voies
1988Topo de Freyr par Pierre Masschelein et Jean-Marie Verleyen 367 voies
1993Topographie des Rochers de Freyr par Gérard Miserque et Serge Motquin 521 voies (dont 32 non équipées)